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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 15:33

Andrée Chedid
VOIX MULTIPLES 
 
Le cœur en tollé 
 
L'âme craquante 
 
 
Affronte le jour 
 
 
Andrée Chedid, Fraternité de la Parole, Flammarion 1976, 108 p., p. 97 
 
|•| 
 
Page après page 
(mai 2004 – juillet 2005) 
 
Page après page 
Je me feuillette 
En marge 
De ma propre vie 
De l'autre côté 
De mes miroirs 
 
Page après page 
Je me raconte 
Pour tisser  
D'autres rêveries 
 
Page après page 
Je m'effeuillette 
Ligne après ligne 
Jusqu'à me dénuder 
Je dors sous une tonnelle 
Je regarde le temps passer 
 
Andrée Chedid, L'Etoffe de l'univers, Flammarion 2010, 153 p., p. 45 
 
|•| 
 
Torpeurs et mouvements 
 
Une épidémie de neige  
surmène la ville 
La vieillesse se déverse sur le temps 
(…) 
 
Andrée Chedid, Cavernes et soleils, Flammarion 1979, 169 p., p. 33 
 
|•| 
 
La Mort devant 
 
1. 
 
Avec la Mort devant 
 
l'homme franchit l'écorce 
touche à la moelle 
afflue vers le cœur 
 
Son œil retrouve grain 
ses pas rabattent les pièges 
 
Sa main ajuste la clef 
 
 
4. 
 
Aucune main ne tient la terre 
Aucun regard ne la contient 
 
Si Dieu est 
il ne sait point se dire _______ 
 
Sur nos sols 
 
battus d'orage 
bordés de phares 
heurtés de rêves 
 
Aucune grille ne ferme le temps 
 
 
5. 
 
Avec la Mort devant 
la terre mâche fleurs et cris 
l'argile recouvre les remparts 
(…) 
La plaine s'est dilatée. 
 
 
10. 
 
(…) 
Avec la Mort devant 
 
Ce qui a son 
 
Résonne 
 
 
Andrée Chedid, Cavernes et soleils, Flammarion 1979, 169 p., p. 71 sqq 
 
|•| 
 
une halte 
 
La source       certains soirs 
S'amorce loin des ornières 
 
Le présent consume la mémoire 
Sans blesser 
 
Tout nous comble      certains soirs 
Même nos cités d'asphalte 
 
L'eau multiple      ces soirs-là 
Nous donne ressemblance 
 
Un songe à gouverner 
Et l'amour       comme une halte. 
 
Andrée Chedid, Fraternité de la Parole, Flammarion 1976, 108 p., p. 31 
Où est ma terre ? 
(pour Matthieu Baumier) 
 
Mon pays est partout 
Sur toutes les terres du monde 
Il est dans l'autre part 
Il est dans l'ailleurs 
 
Mon pays est partout 
Au bord des alentours 
Dans la halte 
Et l'étape 
Dans le vivre 
Et la demeure 
Dans le plus loin 
Et dans l'ici. 
 
••• 
 
Vieillir III 
 
L'exil s'ouvre 
 
Suivre hors des lois 
Les chemins de campagne 
Fuir deuil et ennui 
Fuir la naissance du jour 
Laisser l'arbre  
À lui-même 
Abandonner l'espace … 
Abandonner l'espoir 
Fuir encore et toujours 
Dresser son âme 
Sur la plus haute montagne 
 
L'exil s'ouvre. 
 
••• 
 
Vieillir V 
 
Cet abandon 
Ce « mettre au monde » 
Cette animation 
Ce trop plein 
Ce fil des jours 
Cette destinée 
Ces évènements 
Oubliés. 
 
••• 
 
Laisser 
 
Je plante là ma vie 
Qui m'encombre 
Se rabâche 
Et me fuit 
Je l'égare, la dépose 
Et l'abandonne 
Elle m'importune 
Je cède et la ressaisis 
Pour quelques jour encore 
Pour l'imaginaire des choses 
Et le langage des fruits. 
 
 
Andrée Chedid, L'Étoffe de l'univers, Flammarion 2010, 153 p., pp 69, 99, 101 et. 109

 

Anthologie permanente : Andrée Chedid

À part le temps
Et ses rouages
À part la terre
En éruptions
À part le ciel
Pétrisseur de nuages
À part l’ennemi
Qui génère l’ennemi

À part le désamour
Qui ronge l’illusion
À part la durée
Qui moisit nos visages

À part les fléaux
À part la tyrannie
À part l’ombre et le crime
Nos batailles nos outrages

Je te célèbre Ô vie
Entre cavités et songes
Intervalle convoité
Entre le vide et le rien.
Andrée Chédid, Rythmes, Gallimard 2001, p. 71.

Regarder l'enfance

"Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin

Singulier et magique
L'œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards"

Andrée Chedid, Epreuves du Vivant, cité dans Anthologie de la Poésie française du XXe siècle, Poésie/Gallimard 2000, p. 165

 

Nommer

Nommer
Foudre et limon
Ciel et terre
Confondus

Se nommer
Dans le bref

Entre la lueur
D'un chant
Et les serres
De la nuit.

Andrée Chedid, Territoires du souffle, Flammarion 1999, p. 128

 

III

Innombrables les terreurs
Immémorial le chant

Mais tu demeures debout
Face aux épreuves du jour
Aux assauts de l’Histoire
Aux mirages de l’avenir

Invincible sondeur
De l’énigme tenace
Et des arcanes de l’âme
Tu demeures debout
Homme innombrable
Au temps immémorial

Andrée Chedid, Par delà les mots, Flammarion 1995, p. 45

 

Remous

"Toutes ces brumes
Issues de nos chagrins

Tous ces orages
Qui bataillent entre nos tempes

Toutes ces ombres
Qui emmurent l'espérance

Tous ces cris
Qui entravent notre chant

Toutes ces craintes
Qui retiennent nos pas

Toutes les clartés
Qui naissent de ces remous !"

Andrée Chedid, Territoires du souffle, Flammarion 1999, p. 29.

 

Le fanal

Laquelle de nos nuits s’incline si bas
Qu’elle nous force à toucher cendres
Laquelle de nos nuits nous prend pour cible
Détisse ou rompt le jour

Comment retrouver l’aube
Et son métal dissous
Avec quoi reforger le fanal ?

De quel œil rivé sur l’horizon
Défier la carapace des ombres
De quel cri saluer l’éclair entrevu ?

Andrée Chedid, Textes pour un poème, 1949-1970, Flammarion, 1987, p. 222.

L’ALLÉE DES CYGNES

C’est une Allée des Cygnes
D’où les Cygnes sont absents
Semée d’autres oiseaux
Plantée dans la cité
Livrée à ses échos
Sillonnée de passants

Entre les bras de la Seine
Bercée par ses remous
Bordée d’arbres de péniches
Et de mouettes des vents
C’est une Allée des Cygnes
D’où les Cygnes sont absents

Passant plus que fugace
Je songe pas à pas
Au long de l’Allée des Cygnes
D’où les Cygnes sont absents
Au pont Mirabeau si proche
Qu’Apollinaire perpétua.
Andrée Chedid, Rythmes, Gallimard, 2003, p. 114.

Recueillir le grain des heures
Étreindre l’étincelle
Ravir un paysage
Absorber l’hiver avec le rire
Dissoudre les noeuds du chagrin
S’imprégner d’un visage
Moissonner à voix basse
Flamber pour un mot tendre
Embrasser la ville et ses reflux

 

Entendre les sierras du silence
Transcrire la mémoire des miséricordieux
Relire un poème qui avive
Saisir chaque maillon d’amitié
Andrée Chedid, Par delà les mots, Flammarion 1995, p. 15.

 

 

 

 

Je reste émerveillée
Du clapotis de l’eau
Des oiseaux gazouilleurs
Ces bonheurs de la terre
Je reste émerveillée
D’un amour
Invincible
Toujours présent

Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés

Dans mon miroir
Défraîchi
Je me souris encore
Je reste émerveillée
Rien n’y fait
L’amour s’est implanté
Une fois
Pour toutes.
De cet amour ardent je reste émerveillée.

Andrée Chedid

Poème offert par Andrée Chedid au Printemps des poètes 2007

 

« Je est un autre. » Arthur R.

À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l’Autre

J’aperçois au loin
La femme que j’ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l’intérieur
D’une conscience évanouie
J’explore son regard
Comme ses nuits

Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d’autres domaines
J’invente mon langage
Et m’évade en Poésie

Retombée sur ma Terre
J’y répète à voix basse
Inventions et souvenirs

À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l’Autre.

Andrée Chedid

Poème inédit commandé par le Printemps des Poètes 2008

 

J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie

*

Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits

*

Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries

*

Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir

*

J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.

Andrée Chedid

Poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004

 

Je m’attache aux pulsations des villes
A leur existence mouvementée
Je respire dans leurs espaces verts
Je me glisse dans leurs ruelles
J’écoute leurs peuples de partout
J’ai aimé les cités Le Caire ou bien Paris
Elles retentissent dans mes veines
Me collent à la peau

Je ne pourrai me passer
D’être foncièrement :
Urbaine.

Andrée Chedid

Poème inédit commandé par le Printemps des Poètes 2006

 

 

l y a des matins en ruine
Où les mots trébuchent
Où les clés se dérobent
Où le chagrin voudrait s’afficher


Des jours
Où l’on se suspendrait
Au cou du premier passant
Pour le pain d’une parole
Pour le son d’un baiser


Des soirs
Où le cœur s’ensable
Où l’espoir se verrouille
Face aux barrières d’un regard


Des nuits
Où le rêve bute
Contre les murailles de l’ombre


Des heures
Où les terrasses
Sont toutes
    Hors de portée.

Andrée Chédid  Par-delà les mots.

 

 

L'ÉCUME

 

Sur la  plage candide

L'écume lâcha sels et débris


Elle zébra de rainures

Le sable immaculé

Entama la soie de sa trame

Entailla le grain de son tissu


Sur les plages ingénues

Les vagues scellèrent leurs dissonances

Rythmant le sol

d'algues de nacre et de scories.

 

 

Andrée Chedid (1920-2011), in Au vif des vivants, Ed. Le verbe et l’empreinte, à Saint-Laurent du Pont, 1991.

 

 

 

En voici quelques extraits, toutes tirés de ‘Textes pour un poème’ :

(…) Près des fontaines où boivent les chevaux
Aux crinières des maïs
Des filles aux noms de jardins
Dansaient en cercles
Sur leurs jambes de chair
Autour des barques endormies
Entre leurs résilles bleues
Un enfant nu comme le sabl
Chante que la vie est ronde
Et son cœur de cristal  (…)
( extrait de ‘Loin des ruelles exactes’).

Nos mains sont légères
Comme ailes sur un pré
Le grain est dans mon sang
Nos regards sont fertiles
Je traverse le miroir déchirant
Mais je n’ai rien trouvé
Que je ne cherche encore. (‘Il n’y a pas d’épilogue’).

(…) Qu’elle gronde la menace ! Qu’elle se plante en nous !
Nos vies surgiront de cette halte soudaine, toujours plus éprises du grand soleil perdu.
Légers ou noirs, les jeux s’oublient.
Seule demeure l’eau jaillissante accordée aux saisons ;
Et de cette eau, même la douleur est saine.
Il est temps de croire.
Temps d’accepter notre terre trop concise ;
Temps de se tourner, sans oraison, vers le cœur qui nous réserve tout.
(extrait de ‘Terre aimée’).

J’ai défait la solitude.
Il n’y a pas de chevet où je ne puisse m’asseoir,
Reconnaître en chacun le gisant superbe
Qui outrepasse les tombes et confond nos mémoires.
Les ténèbres de l’autre sont nos propres ténèbres
C’est notre œil qui rompt la durée.
Nous créons des sentences,
Nous nous livrons aux pièges,
quand l’épreuve est d’ENTENDRE :
Car tout nous est dicté.
(‘Face à l’enjeu’).

Andrée Chedid - Enigme

La vie
Secrète
L'insondable énigme
         
Le temps
Réduit
Cette aventure du souffle
A l'aune d'un sablier
         
En nos corps dissemblables
En nos visages divers
Quelle symphonie traduisons-nous
Quel récit, Quel livre ouvert
De notre chair si concrète
D'où tirons-nous lumière ?
      
Chaqun côtoie
Le fleuve des présences
Personne n'escorte
La mer.

Andrée Chedid - Terre vive


          
Où la mer lentement progresse,
là-bas, reposent les îles.
       
Sur l'eau accablé de ténèbres,
l'homme recueillait les promesses
d'un soleil bientôt absent.
De ce temps-là, le vent des démesures se laissait boire,
les colonnes du silence veillaient.

Au loin, la mer délaisse son noueux combat ;
Embrasse l'île envoilée. Se confie, éprise.

Là-bas,
la terre ne parle pas pour rien.

 

Andée Chedid - S'acheminer

Tantôt profanes tantôt magiques

Perclus d’ombres et d’élans

Equipés pour l’ascension

Comme pour la chute

Nous cheminons

 

Nous nous acheminons.

 

 

Andrée Chedid - Sans réponse

A chaque souffle qui se perd

Dans les marais de l’âme

A chaque force qui s’étiole

Dans le vaisseau du corps

 

Je sonde l’ingénieuse vie

Gardienne de nos arcanes

Sa réponse inaudible

Multiplie nos fictions.

 

 

Andrée Chedid - L'intime horizon

Loin des berges stridentes

Egarer l’ancre

Rompre les amarres

 

Suivre l’appel

De l’intime horizon.

 

Andrée Chedid - Epreuve du visage

Qui

Se tient

Derrière le pelage du monde ?

 

Quel visage au front nu

Se détourne des rôles

 

Ses yeux inversant les images

Sa bouche éconduisant les rumeurs ?

 

Quel visage

Veillant par-delà sa vue

Nous restitue

Visage ?

 

Quel visage

Surgi du fond des nôtres

Ancré dans l’argile

S’offre à l’horizon ?

 

Andrée Chedid - Chant de l'amour passé

Dans l'eau des rivières mortes

Chevalier sans armure

A quoi sert de te mirer

 

Je te regarde

Il n'est plus de mystère

Au jour désenchanté

 

Voir les jardins se referment

L'arbre renonce à ses prodiges

Le songe s'est dévoré

 

 

Andrée Chedid - Epreuve du visage

Qui

Se tient

Derrière le pelage du monde ?

 

Quel visage au front nu

Se détourne des rôles

 

Ses yeux inversant les images

Sa bouche éconduisant les rumeurs ?

 

Quel visage

Veillant par-delà sa vue

Nous restitue

Visage ?

 

Quel visage

Surgi du fond des nôtres

Ancré dans l’argile

S’offre à l’horizon ?

 

 

Andrée Chedid - Toute la vie

Toute vie

Amorça

Le mystère

Tout mystère

Se voilà

De ténèbres

Toute ténèbre

Se chargea

D’espérance

Toute espérance

Fut soumise

A la vie

 

 

Andrée Chedid - L'Eau perpétuelle

Quand je glisse en tes yeux,

Une allée me prolonge

Loin du mortel pays

 

Amour, il fallait bien que tu sois.

 

Au bord des rives où tout trépigne et s’efface ;

Il fallait bien que l’eau perpétuelle

Nous donne ce qui est plus que la vie.

 

 

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commentaires

A
Tres bien
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