أحمد بن قريش
ورقة رسم
- نم !
- أنا نائم، قال الطفل.
- لست بنائم، قالت الام.
أغمض الطفل عينيه للحظة.
في الخارج التصقت الرياح بالسياج القصبى. ستهطل امطارا غزيرة بعد ساعات.
أدار الطفل على جنبه الأيمن فرأى ذراع أمه يحرك السطام فى النار. أضيئت الغرفة لحظة. كان القط مسعود يحك بأظافره من وراء الباب.لم يدخله أحد منذ الأسبوع الماضى.
- ما، مسعود...
- نم... حيوان ربى تعرف مبيتها.
تمر ساعة.
- أنت نائم، حميده؟
- أنا نائم، أجاب الولد.
- نم... نم... ألحت الام.
كان المطر يسوط بقوة السقف الزنكى. فكر حميده أن الذهاب للمدرسة شيء مستحيل يوم غد. تكون مازالت مياه النهر طافحة على حافتيه و على القنطرة الصغيرة التى تربط بين ضيعتهم و القرية حيث مدرسته.
فكر حميده أن والده كان بمقدوره أن يسجله بمدرسة القرية الأخرى فهي بعيدة حقا لكن الطريق المؤدية إليها دوما فى الاستعمال.
- قل، حميدة، تفكر في أبيك؟
الولد االصامت ينصت لأمه تبكي.
- سوف يأتى غدا...
- لماذا لم تزريه هذا الصباح... بالأمس، تمتم الولد.
- كنت عنده قبل الأمس؛ الزيارات مرة فى الأسبوع ...
- الآخرون يذهبون يوميا، احتج الولد.
- ليس نفس السجن، يا بنى...
أدار حميدة على الجنب الآخر ثم مرر يده على الحائط.
انقطع مواء القط فى الخارج. بالمدرسة الصق السيد كامو كل الأوراق التي رسمها حميده على الجدران. طاووس، صياد يسحب سمكة كبيرة، طلاب فى فناء، السيد كامو يصحح كراريس.
- أانت تبكى، حميده؟
انتصبت الأم على مرفقها.
لم يكن حميده يبكى فى الحقيقة. كان يفكر فى زيارات كل الجارات منذ يومين؛ فى السلع الغذائية التى أتينا بها؛ فى العسكر الذين فتشوا البيت كليا؛ فى أمه التى قللت من الأكل...
تنتهي الصبيحة. لم ينسحب النهر بعد. الطريق مقطوعة. لم يغادر حميدة البيت. بسدادات من الفلين و عيدان ثقاب اصطنع قطيع من الماشية.
ثم راجع درسه فى التاريخ. " قابلت حرب مئة سنة الانكليز و الفرنسيين. لأول مرة تستعمل فيها الأسلحة النارية..."
ساعة الغذاء أتت جدته. مرافقة بسيدة في مقتبل العمر. الزائرتان و أمه فتشن عبر الغرفة. في لحظة ما لاحظهن انتزعن أجرة من فوق المدخنة ثم سحبن حزمة أوراق سارعت السيدة في تخبئتها في صدارها ثم نظرت اليه بعينين فيهما ذهولا.
لحظتها أخذته فكرة رسم شيئ ما، مختصر،خفي، بدون الوان... شيء ما عميق و غامض قد تأرجح في عيني السيدة و كان الفصال... أحس حميده أنه في أكثر من مكان ، منحني فوق ألاف من الأوراق بأصابعه الملطخة بالحبر الأزرق. لكن الشيئ مبهم، غير واضح...
بعد ذهاب الجدة و السيدة وضعت أم حميده قبالته، على المائدة طبقا فاصوليا و كسرة فأكل بشهية. ثم أبعد من أ مامه الصحن و قطيع الماشية وبحث عن ورقة رسم...
فى الظهيرة جاء عمه من المدينة. قدمت له أم حميده فنجال قهوة . تكلم العم فى الزمن القذر. انكمشت الأم في زاوية. كان العم يتحدث بانقطاع. فتذكرت الأم حماتها – أمه هو – و السيدة و زيارتهما هذا الصباح. حكى العم الكبسة الأخيرة في المدينة. ارتفع صهيل الأم في الهواء فبدأ العم فى بكاء بطيء يستمر حتى أخر الظهيرة ثم غادر بيت أخيه قبل هبوط الليل...
أكمل حميده رسمه فلفه حزن عميق. بداخله كان يحس بتعب كبير كأن عمره شاخ بسنوات . من عشائه أكل شيئا قليلا و فى فراشه أخذه النعاس كما يأخذ الموت.
قبل أن تستريح على حصيرتها لاحظت الأم فوق المائدة ورقة الرسم. أربع من الدمي يطلقون النار على رجل ذي قامة كبيرة تظهر على صدره لطخة حمراء. كان قد كسر سلاسل من حول ذراعيه. إنه عملاق بشاربين كبيرين. عيناه تشبهان - و ما يثير للعجب – عيني والد حميده. و كذلك الأذنان. و كذلك الشعر المجعد...
أحمد بن قريش
LA FEUILLE DE DESSIN
– Couche-toi !
– Je suis couché, dit l’enfant.
– Mais tu n’es pas couché, dit la mère.
L’enfant ferma les yeux pour un moment.
Dehors le vent était tout contre la palissade. Il
allait pleuvoir longuement dans quelques heures.
Le gosse se tourna sur le côté droit et il put voir le
bras de sa mère tisonner le feu. La chambre s’illumina
un instant. Le chat Messaoud grattait derrière la porte.
On ne le faisait plus rentrer depuis la semaine passée…
– Mère, Messaoud…
– Couche-toi… les animaux du Bon Dieu savent
trouver leur gîte.
Une heure passa.
– Tu dors, Hmeida ?
– Je suis couché, répondit l’enfant.
– Il faut dormir, insista la mère.
La pluie cinglait fortement la toiture en zinc.
Hmeida pensait que le lendemain il ne lui serait pas
possible de rejoindre son école. L’oued serait toujours
là, débordant par-dessus les berges, le petit pont qui
reliait le hameau au reste du village où se trouvait son
école à lui. Hmeida pensait aussi que son père aurait
pu l’inscrire à l’école de l’autre village qui était bien
plus loin, certes, mais qui avait une route assez
praticable qui arrivait jusqu’au hameau.
– Dis, Hmeida, tu penses à ton père ?
L’enfant qui se taisait, écoutait sa mère renifler.
– Il reviendra demain…
– Pourquoi n’es-tu pas allée le voir ce matin…
hier, bredouilla l’enfant ?
– J’y étais avant-hier ; une fois par semaine les
visites.
– Les autres, elles vont chaque jour, répliqua
l’enfant !
– Ce n’est pas la même prison, mon enfant.
Hmeida se retourna dans sa couche puis il passa
une main sur le mur. Le chat ne miaulait plus dehors.
À l’école, Monsieur Camus colla toutes les feuilles
dessinées par Hmeida sur les murs. Un paon, un
pêcheur tirant un gros poisson, des élèves dans une
cour, Monsieur Camus corrigeant des cahiers.
– Tu pleures, Hmeida ?
Sa mère se mit sur un coude.
Hmeida ne pleurait pas à vrai dire. Il pensait aux
visites de toutes ces voisines depuis deux jours ; à ces
denrées alimentaires que chacune d’elles avaient
apportées ; à ces soldats, hier, qui avaient fouillé toute
la maison ; à sa mère qui ne mangeait presque plus.
La matinée tire à sa fin. L’oued est toujours là. La
route est coupée. Hmeida ne sort pas de chez lui.
Avec des bâtons d’allumettes et des bouchons de
liège, il se fabrique un troupeau de bêtes.
Puis il révise sa leçon d’histoire : La guerre de
cent ans oppose Anglais et Français. Pour la
première fois on se sert d’armes à feu…
À l’heure du déjeuner, vient sa grand-mère. Elle
est accompagnée d’une jeune dame. Les deux
visiteuses et sa mère fouillent à travers la chambre. À
un moment, il les observe déplacer une brique au
dessus de la cheminée et soutirer une liasse de papiers
que la jeune dame s’empresse d’enfouir dans son
corsage puis le regarde, lui, avec des yeux
d’étonnement. Et c’est à ce moment-là qu’il a l’idée
de dessiner quelque chose de bref, de rapide, sans
couleur… Un je ne sais quoi de profond vient de
basculer dans les yeux de la jeune dame et c’est le
déclic. Hmeida se sent transporté, penché sur un
millier de feuilles, les doigts tachés d’encre bleue.
Mais cela est vague, très vague.
Après le départ de la grand-mère et de la jeune
dame, la mère dépose devant Hmeida un plat de
haricots et un morceau de galette qu’il mange avec
appétit. Puis il repousse au loin l’assiette et son
troupeau de bêtes et se cherche une feuille de dessin.
Dans l’après midi un oncle arrive de la ville. La
mère lui offre une tasse de café. L’oncle parle du sale
temps. La mère se recroqueville dans un coin. L’oncle
parle par à-coups. La mère parle de la visite de sa
maman à lui et d’une jeune dame qui l’accompagnait.
L’oncle raconte les dernières rafles en ville. La mère
pousse un hennissement. L’oncle se met à pleurer
pour le reste de la journée. Doucement et avec
continuité. Puis il part avant la tombée de la nuit.
Hmeida achève son dessin. Une immense tristesse
l’enveloppe tout entier. En lui-même, il se sent très
fatigué comme s’il a vieilli de plusieurs saisons. C’est
à peine s’il touche au souper. Dans sa couche, le
sommeil le gagne comme une mort.
Avant de rejoindre sa natte, la mère a le temps de
remarquer sur la petite table la feuille de dessin.
Quatre pantins tirent à bout portant sur un homme très
grand qui porte une tache rouge sur le poitrail. Il fait
éclater des chaînes enroulées autour de ses bras. C’est
un géant avec de grosses moustaches. Il a des yeux
qui ressemblent étrangement à ceux du père de
Hmeida. Et aussi les oreilles. Et aussi les cheveux
frisés…